Moins de 5 % des médecins en France disposent d’une réelle expertise sur les maladies auto-immunes rares. Pourtant, certains centres hospitaliers universitaires s’organisent autour d’équipes pluridisciplinaires capables de poser un diagnostic précis, parfois après des années d’errance et de doutes. Mais l’accès à cette expertise demeure inégal, variant selon la région ou la pathologie concernée.
Le développement des centres de référence a permis de structurer la prise en charge, d’orchestrer la coordination des soins et de mettre en place des consultations spécialisées adaptées à chaque situation. Toutefois, l’accès à ces dispositifs varie d’un établissement à l’autre et suppose généralement une orientation médicale préalable.
Maladies auto-immunes et auto-inflammatoires : mieux comprendre pour mieux agir
La diversité des maladies auto-immunes et auto-inflammatoires oblige la médecine interne à une grande souplesse. On retrouve dans ce champ aussi bien le lupus érythémateux systémique que la polyarthrite rhumatoïde, la sclérodermie systémique, le syndrome de Gougerot-Sjögren, la sclérose en plaques ou encore les vascularites à ANCA. Les formes pédiatriques telles que la fièvre méditerranéenne familiale ou le syndrome VEXAS appellent elles aussi des équipes expertes.
Plusieurs facteurs entrent en jeu : prédispositions génétiques, environnement (infections, polluants, alimentation) et déséquilibres internes, notamment au niveau du microbiote intestinal. À la source du problème, le système immunitaire perd son cap et s’attaque à des tissus sains : articulations dans la polyarthrite, reins pour le lupus, système nerveux central dans la sclérose en plaques.
Pour mieux saisir l’étendue de ces pathologies, on peut les répartir selon plusieurs catégories :
- Maladies endocriniennes (ex : diabète de type 1, thyroïdite de Hashimoto)
- Maladies héréditaires du métabolisme ou atteintes neuromusculaires, parfois associées à des troubles auto-immuns
- Inflammations systémiques de l’adulte comme de l’enfant (maladie de Behçet, maladie de Still, CAPS, TRAPS)
Les symptômes défient parfois l’évidence. Leur grande variabilité, couplée à la rareté de certaines anomalies comme les cytopénies auto-immunes ou les interféronopathies, peut entraîner des diagnostics retardés. Sexe, âge, hormones ou facteurs encore mal compris jouent aussi sur la forme que prend la maladie chez chacun.
Quels sont les centres de référence spécialisés en France ?
Pour soigner efficacement ces maladies, la France s’appuie sur un maillage de centres de référence et de centres de compétence labellisés au niveau national. Dans ces structures, des équipes aguerries abordent chaque situation de façon multidisciplinaire pour le diagnostic, le suivi, l’ajustement thérapeutique et l’accès à l’innovation.
À Paris, certains établissements sortent du lot. Le service du Pr Zahir Amoura à la Pitié-Salpêtrière et l’hôpital Bicêtre tiennent un rôle moteur sur les pathologies auto-immunes systémiques rares. La pédiatrie trouve son pôle d’excellence à Necker Enfants Malades tandis que Lariboisière fait autorité pour les vascularites.
En dehors de la capitale, des institutions comme les CHU de Bordeaux, Montpellier, Toulouse ou Angers s’appuient sur des réseaux comme la filière FAI²R pour optimiser la prise en charge, du diagnostic à la recherche. Le collectif FHU ACRONIM, de son côté, anime la recherche translationnelle et fait avancer la connaissance médicale.
Pour clarifier leurs rôles, il est utile de distinguer les types de centres :
- Centres de référence coordonnateurs : pilotage national, protocole multidisciplinaire, prise en charge centralisée
- Centres de compétence et centres constitutifs : accompagnement de proximité, accès facilité à l’innovation thérapeutique et aux études cliniques
Ce réseau maille tout le territoire, y compris Outre-mer, garantissant à la fois une équité d’accès et une détection plus rapide des pathologies chez l’adulte comme chez l’enfant, quelle que soit la région.
Des services adaptés pour un accompagnement personnalisé
Pour obtenir l’avis d’un médecin spécialisé maladies auto-immunes, il importe de s’orienter vers des structures où l’accompagnement est réellement individualisé. Médecine interne ou pédiatrie : ces services orchestrent la prise en charge des situations complexes (polyarthrite, syndrome de Gougerot-Sjögren, fièvre méditerranéenne familiale, syndrome VEXAS). L’équipe rassemble immunologistes, rhumatologues, néphrologues, neurologues, pédiatres, biologistes… Une expertise croisée, indispensable pour ajuster soins et décisions au cas par cas.
L’offre de traitements a considérablement évolué. Biothérapies (anti-TNF alpha, anti-JAK), immunosuppresseurs, plasmaphérèse, immunoglobulines par voie intraveineuse : ces approches servent des indications multiples, adaptées au patient. Certains CHU, comme Montpellier ou Bordeaux, intègrent déjà des protocoles novateurs : cellules CAR-T, cellules souches mésenchymateuses, et même transplantation fécale pour agir sur le microbiote.
Un suivi au plus près des besoins
Le suivi s’appuie sur des consultations régulières et des concertations pluridisciplinaires (RCP) pour garder le cap thérapeutique. Les patients accèdent aussi à la recherche médicale, profitant ainsi d’un panel de traitements en constante évolution. Cette dynamique d’équipe permet de réagir rapidement et de s’aligner sur les dernières avancées en immunologie, quels que soient l’âge ou la complexité du profil.
Pour résumer les piliers de ce suivi coordonné, il faut citer :
- Partage d’informations et coordination entre l’hôpital et les soignants de ville
- Accompagnement sur le plan éducatif, soutien psychologique et aides sociales si besoin
Comment choisir le centre le plus adapté à sa situation et à ses besoins ?
Choisir un centre spécialisé en maladies auto-immunes va bien au-delà de la simple question géographique. Tenez compte du niveau d’expertise de l’équipe, de son ancrage dans les réseaux spécialisés, de sa capacité à mobiliser différents spécialistes et à offrir l’accès à l’innovation (biothérapies de pointe, essais cliniques, projets de recherche intégrés).
Certaines pathologies très rares, syndrome VEXAS, interféronopathies systémiques, requièrent un niveau d’exigence que seuls quelques centres de référence peuvent garantir. Renseignez-vous sur la tenue des réunions de concertation pluridisciplinaire (RCP), sur les possibilités de rejoindre des protocoles d’essais, sur la fréquence des rendez-vous, et sur la coordination entre l’hôpital et les praticiens de ville.
Quelques critères peuvent guider la sélection :
- Capacité du centre à offrir un suivi continu, à intégrer l’accompagnement social dès le diagnostic
- Qualité de la pédagogie, transparence de l’information proposée au patient et à ses proches
Opter pour une équipe spécialisée dans ces maladies, c’est bien plus que choisir un lieu : c’est miser sur une proximité humaine à même de transformer une traversée délicate en parcours éclairé, patient après patient.


